41.3 Avant De Se Quitter Et Après
(...petit voyage dans la tête de mon beau brun...)
Je reprends ma respiration et, pendant que leau recommence à couler quelques douches plus loin, je me relève rapidement tout en continuant à tousser, tout en évitant soigneusement de le regarder, me demandant pourquoi ça finit toujours par se terminer de cette façon avec lui
pourquoi, après un câlin un peu tendre, après une bonne rencontre sensuelle et sexuelle, ça se termine toujours par la baise de trop, une baise brutale qui salit tous les bons moments que lon vient de passer
Le pire cest dadmettre que cette fois ci
cest de ma faute
si je ne lui avais pas demandé de me faire ce truc
on se serait douchés et on serait parti tous les deux avec le souvenir dune magnifique soirée
alors que là je ne ressens plus que la douleur qui meurtrit ma bouche, mon palais
ainsi, ce petit truc quil a consenti à me faire devient le symbole dune humiliation qui sest accomplie dans cette dernière baise qui a tout gâché
On aurait pu se quitter sereinement, peut-être en se prenant dans les bras, alors que là je nose même plus le regarder, alors que là je ne sais même pas si on va seulement se dire « au revoir »
quest ce que je peux être con
je me savonne une fois, deux fois, trois fois
je me sens sali
Lorsque je lentends fermer le robinet, je tourne discrètement ma tête pour le regarder se diriger vers un casier qui se révélera être rempli de serviettes blanches
il en saisit une, il commence à sessuyer grossièrement
les cheveux
le visage, le cou, le torse, le dos, lentrejambe, la queue, les cuisses, jusquaux pieds
lorsquil estime en avoir assez, il la fait passer autour de son cou, les deux extrêmes retombant nonchalamment sur ses pecs
Jarrête leau à mon tour
sans un mot, il saisit une deuxième serviette quil me balance sans un mot alors que plusieurs mètres nous séparent
je latt de justesse avant quelle ne retombe sur le sol humide
Je commence à messuyer en silence, un silence angoissant
Jérém sest assis devant un autre casier quil vient douvrir
voilà son casier
je suis presque ému de découvrir son casier à lui
le cinquième sur la gauche en rentrant
je paierais cher pour pouvoir y jeter un oeil
il en sort un sac de sport noir et blanc
ce sac de sport qui parfois doit contenir des merveilles
un t-shirt imbibé de sa transpiration, un boxer avec ses odeurs de mâle
il ouvre le zip et en tire un magnifique t-shirt noir col en V quil passe avec un geste rapide et assuré
ça lui va comme un gant, il semble fait sur mesure pour mettre en valeur la plastique de son torse
il en tire un boxer bleu électrique avec lélastique blanc, encore un beau DIM à se damner
ses jolies fesses et sa queue de ouf disparaissent dans le tissu élastique qui épouse si bien les formes de son bassin et le relief de ses attributs de mec
de cette boite magique quest à mes yeux son sac de sport, il tire encore une paire des chaussettes blanches et un jean délavé
des chaussures vert fluo avec les semelles blanches complètent sa tenue de bogoss
le mec est habillé, les cheveux encore humides, beau à en crever
Je nai pas pu mempêcher de mater le moindre mouvement de ce strip-tease à lenvers
je me rends compte que de regarder un beau mec shabiller est presque aussi excitant que de le voir poser ses fringues
voilà que Jérém est prêt à partir alors que je suis encore en train de passer la serviette sur ma peau désormais sèche
je regarde Jérém et je perds la notion du temps
Aussi tôt les baskets glissées aux pieds et les lacets disparus dans les montants sans les nouer (là encore, plus petit con tu meurs), le mec att son sac sans le fermer et quitte la pièce
je lui emboîte le pas, car mes vêtements se trouvent dans la salle de muscu, là où il doit être parti ramasser ses affaires sales
si on peut définir comme « sale » ce petit débardeur blanc trempé de sa sueur et marqué de son déo de mec ou ce short bleu pétard qui avait été en contact avec sa queue et que jaurais bien embarqué si jen avais eu la possibilité
Lorsque je rentre dans la pièce, il est en train de fermer son sac : toutes ses affaires sont rangées, y compris les trésors que je viens dénoncer et dont ce soir là, hélas, il ne me sera par permis de memparer
je mhabille en vitesse pendant quil allume sa cigarette dans un silence assourdissant
voilà comment ça se termine toujours avec lui
avec ces silences que jai de plus en plus de mal à supporter
en évitant de se regarder
comme si ce que lon vient de faire était sale, comme si cétait mal
pourquoi une fois de plus avait-t-il eu besoin de me baiser si rageusement ? Merde, alors
était-ce sa façon de se venger de ce que je lui avais demandé ? Sa façon de rétablir sa position de mâle ?
Lodeur de sa cigarette me prend au nez et à la gorge
je quitte la pièce, il me suit
je suis dans le couloir
il éteint la lumière de la salle de muscu
on est dans la pénombre
la lueur qui traverse les vitres opaques de la porte dentrée du bâtiment est suffisante pour nous guider vers la sortie sans allumer dautres lumières
javance vers la sortie, le cur lourd
je regrette déjà davoir cédé à son sms et davoir annulé le rendez-vous avec Stéphane
au fond je ne sais pas ce que je regrette
cette soirée aurait été géniale si je navais pas à tout prix voulu aller au bout de mes fantasmes
Voilà un autre dilemme qui fait que ma relation avec Jérém est et sera toujours tumultueuse
ce mec je lai tellement dans la peau que jai envie de tout avec lui
du câlin le plus tendre, à la baise la plus torride
jai envie de tester avec lui tous mes fantasmes, notamment des fantasmes de soumission
jaime bien jouer des rôles, jaime bien être sa salope parfois, alors que dans dautres occasions jai envie de sensualité, de tendresse
Dans tous les cas, même quand lenvie me prend daller un peu plus loin dans mes fantaisies, je sais que je ne fais que jouer un rôle qui prendra fin dès le fantasme assouvi
même si je me soumets à lui, même si pendant un moment jaccepte dêtre sa salope, lorsque on aura pris chacun notre pied, Jérém redeviendra à mes yeux le gars qui fait battre mon cur à mille à lheure
Hélas, dans sa tête, cette distinction aura du mal à se faire
mon attitude parfois excessivement câline à ses yeux et parfois trop chaude le prendra au dépourvu à certains moments
Ce soir là par exemple
le sexe avait été sensuel, il sétait montré à la fois viril et attentionné, tout ce que jaime
javais même eu droit à un brin de tendresse inattendue
tout avait été parfait pour moi
et javais limpression que ça lavait été pour lui également
jusquà ma bêtise qui avait du le dérouter
et là, à cause de ma connerie, on va se quitter sans un mot
jai toujours limpression que cest la dernière fois
cette fois-ci ça va lêtre pour de bon
Ce qui me déçoit aussi cest quil ne mait rien demandé au sujet de Stéphane
pas de scène façon Esmé
je suis devant la porte dentrée, dernier sas après lequel on va se séparer
je fais tourner la serrure, je pousse le battant et je mapprête à sortir dans la fraîcheur de la nuit lorsque
lorsque je sens sa main se poser lourdement sur mon bras et me retenir
je savoure un bonheur entier lorsque je lentends me balancer :
« C'était qui ce mec a la piscine? »
Je m'attendais à cette question mais je la reçois quand même avec un mélange de ravissement et d'étonnement.
« Un pote... » jarrive à bégayer après un instant d'hésitation.
Hésitation que le beau brun a dû capter, puisque il revient à la charge, lair pas du tout satisfait de ma réponse. Voilà quil me balance, du tac au tac :
« Un pote comment? »
Il m'agace, ça ne le regarde pas.
« Un pote » je répète froidement.
Et il revient encore à la charge, mauvais. Il me saisit par lépaule, son geste me surprend, mobligeant à me retourner vers lui. Il ny a pas beaucoup de lumière, mais la noirceur de son regard me transperce littéralement. Je my attendais, lexpression de son visage est celle des mauvais jours.
« Tu baises avec ? »
Il na pas froid aux yeux ce petit con. Je ne sais pas quoi répondre. Le silence s'installe, gênant. Il insiste :
« Alors, c'est un pd ? »
Putain il m'énerve. Jai envie de lui balancer que oui, j'ai couché avec lui, même sil ne sagit que dune petite galipette
que je vais le revoir et que cette fois ci ça ne va pas être quune petite galipette
Évidemment, je naurai pas le courage daller au bout et dexprimer clairement mon agacement. Une fois de plus je prendrai sur moi, trop soucieux de ne pas le vexer, trop craintif de mettre le mot FIN à notre relation. Ce soir là, je lui mentirai.
« Mais non, quest ce que tu vas chercher
».
« Cétait qui alors ? ».
« Un type quon a rencontré à la piscine la dernière fois et qui a sympathisé avec Elodie
hier il était là et il est venu dire bonjour ».
Le beau brun ne semble toujours pas complètement satisfait de ma réponse. Même dans la pénombre jarrive à capter sa moue dubitative. Je crains ses prochains mots. Je sais quils peuvent être très blessants.
« Tant mieux, il a vraiment une tête de con » son ton est un peu apaisé, apparemment mes mots ont su un peu désamorcer sa
sa
sa
jalousie
Il na pas une tête de con Stéphane
voilà des mots que je me retiens de justesse de lui balancer à la figure.
Je ne réagis pas à ses derniers mots. Je passe la porte du bâtiment et je me retrouve dehors. Javance de quelque pas pendant que je lentends enfoncer la clef dans la serrure et fermer la porte du Temple de la jeunesse et de la puissance masculines.
Je lentends retirer la clef. Jentends ses pas sur les gravillons, je réalise quil est en train de séloigner sans un mot. Il nest pas possible ce mec. Je ressens soudainement une furieuse envie de le frapper. Au lieu de quoi, je me force à lui balancer :
« Salut
».
« Oui, cest ça
» il me balance en retour, froidement.
Ça ne me suffit pas, ça ne peut pas me suffire
« Jérém
»
« Quoi ??? » toujours ce petit mot et ce ton pour décourager la discussion. Mais désormais ça ne mimpressionne plus
je nai plus rien à perdre, je décide de ne pas en tenir compte. Le bruit de pas sur le gravillons a cessé net.
« On va se revoir ? » je trouve laudace de lui demander.
Jérém sest arrêté net, je devine son profil
Dans la pénombre jarrive à voir la lueur au bout de sa cigarette
son silence est tellement dur à entendre pour moi que je décide de le piquer au vif. Jai besoin dune réponse de sa part, quelle quelle soit
« Tas envie quon se revoit ? »
« Ten poses des questions, toi
»
Tas bonne mine de dire ça
toi aussi ten poses des questions
des questions qui en plus ne te regardent même pas
et sinon
« Cest qui cette pouff avec qui tu tes ramené à la piscine ? Tu couches avec ? Dommage, car elle a vraiment une tête de conasse
»
voilà ce que jaurais du lui balancer à la figure devant sa désinvolture
hélas, cette réplique parfaite ne me viendra que sur le chemin du retour, une fois seul, mes esprits retrouvés
mais là, sur le moment, devant son effronterie, je suis désarçonné, incapable de trouver les mots pour me défendre
Ce seront ses derniers mots.
Après toutes ces années, je regrette plus que jamais de ne pas lui avoir dit clairement ce soir là, cet été là, dès le printemps même, que je laimais comme un fou
peut-être quil maurait tout simplement jeté comme une merde, que notre relation aurait pris fin avant de prendre les proportions démesurées quelle prendra par la suite
il serait passé à autre chose, jaurais fait mon deuil
Peut-être que, au contraire, lui ouvrir mon cur nous aurait peut-être empêché bien de mauvais moments, bien des bêtises, de gâcher tant de temps avant darriver en ce jour de septembre 2001 où notre histoire prendra un tout autre tournant
peut-être quil se serait moqué de moi, cest même certain
mais peu importe, au moins il laurait su
Peut-être quil aurait fallu que je le rende jaloux, que je me montre avec dautres garçons, que je lui dise clairement que javais couché avec Stéphane
tôt ou tard il serait venu tout seul vers moi
Ce qui est sur, cest quil naurait surtout pas fallu que je lui mette la pression comme je le faisais, en lui montrant à chaque fois quen réalité la baise ne me suffisait pas
hélas, lorsquon est amoureux, on est transparent, nos sentiments se voient en filigrane dans chacun de nos gestes, de nos regards, de nos mots
A lépoque je nétais quun jeune garçon, aveuglé par mes sentiments. Lorsque je le regardais séloigner dans la rue, la cigarette au bec, son sac de sport à la main, avec son allure assurée de mec bien dans ses baskets, lattitude fière du gars qui vient de se vider les couilles, je ne voyais quun garçon qui savait ce quil voulait, à savoir de la bonne baise, et également ce quil ne voulait pas
à savoir de la tendresse entre mecs, des sentiments
sil mavait laissé un peu faire ce soir, il avait bien recadré les limites en transformant mon baiser en quelque chose de très « sexuel », avec sa langue qui baise mes lèvres avant que ce ne soit au tour de sa queue de le faire
Je me demandais même si cette dernière baise brutale nétait pas également sa façon de remettre les pendules à lheure
jaurais du apprendre, à la longue, que chaque moment de tendresse que jarrivais à lui « extorquer », il me le faisait payer très cher
Lorsque on regarde les choses de trop près, comme je regardais mon beau brun à cette époque, au sens propre comme au sens figuré, on ne voit pas ce qui se passe autour, car notre horizon est bouché.
Oui, sa fierté masculine. Elle en avait pris un premier coup le soir où il était venu à ma rescousse dans les chiottes de lEsmé
voir quun gars sintéressait à moi
voir que je pouvais mintéresser à un autre gars
certes, le lendemain, une fois seul, il avait bien voulu savouer que ça le faisait chier quun autre mec sapproche de moi, quil me « souille », car Jérémie T. ne partage pas
En réalité, ce quil ne voulait pas admettre, cétait que finalement il maimait bien, et plus que bien
devant la « menace » représentée par ce type dans les chiottes de lEsmé, il avait pris conscience que javais vraiment commencé à compter pour lui
pour la première fois il avait ressenti un sentiment surprenant, la peur de perdre quelquun à qui il tenait plus quil ne voulait se lavouer
Certes, Jérém nétais pas sans comprendre que, dans la mesure où javais des sentiments forts pour lui, des sentiments quil semployait à repousser, cétait normal que je demande plus que la baise quil était disposé à moffrir
au fond, il comprenait bien que javais droit au bonheur et que ce bonheur il ne pourrait pas me loffrir, que ce bonheur je naurais pu le trouver quauprès dun autre mec
pourtant, ce que Jérém voyait avant toute autre chose, cétait que la possibilité que je trouve un autre mec et que je le laisse tomber, était une perspective tout bonnement insupportable à ses yeux
Cette nuit là, la fameuse nuit de la bagarre à lEsmé, Jérém était en colère, une colère aux fortes teintes de jalousie
il était angoissé
il sentait que je pouvais lui échapper
ainsi, pendant que nos corps se mélangeaient, lalcool aidant, il avait eu envie de me montrer autre chose
quelque chose quil ne saurait par ailleurs assumer par la suite
Le fait est que cette nuit là, Jérém aurait fait et dit nimporte quoi pour me retenir
Oui, lorsque la peur de la solitude fait le siège à notre cur et lalcool nous fait oublier que demain il faudra assumer nos actes et nos mots de la veille, certains propos et certains gestes venant du plus profond de notre être peuvent être prononcés ou dévoilés à la légère
Et lorsquon sengage dans cette voie un peu plus câline, on prend le risque de ne pas en sortir indemne
car les câlins sont comme une boisson très sucrée
plus on en prend, plus on en a besoin
Jérém avait tellement aimé se laisser aller, échanger avec moi plus que du sexe, que son corps, son esprit, son cur (oui, il en avait un, bien que profondément caché), en redemandaient
Ainsi, lorsque nos ébats avaient pris fin, mon départ approchant, il avait fini par trouver insoutenable lidée de se retrouver seul dans son lit
« Reste, ten va pas »
si javais su lire entre les lignes jaurais bien vu ce soir là que sa simple phrase avait une signification dont la portée allait bien au delà de « Reste, ten va pas (cette nuit) »
ses mots étaient un appel inconscient pour que je ne le lâche pas
dans sa jolie petite tête, ses mots devaient plutôt sonner ainsi : « Reste, ten va pas (de ma vie) »
les câlins de cette nuit là, Jérém qui me demande de le prendre dans ses bras font partie dune espèce de rêve hors du temps
Hélas, le matin venu, face à mon délire, à ma passion, à ma fièvre de lui, tout avait été balayé
ce matin là jaurais du partir avant quil ne se réveille
ou alors y aller tout en douceur
hélas quand on aime, on a envie de tout sauf que dattendre
au contraire, on a envie de précipiter les choses
ce matin là je ne me sentais plus, je ne tenais plus en place, dans ma tête cétait le feu dartifice, je memballais, je me projetais loin
je nous voyais déjà en beau petit couple
gay
Face à mon engouement, Jérém sétait braqué
il sen était voulu davoir dévoilé ses faiblesses
davoir montré quelque chose quil ne saurait pas assumer et quen aucun cas il montrerait au quotidien
et alors il avait voulu désamorcer tout ça en vitesse
il avait voulu me montrer que, quoi quil arrive, notre relation nirait jamais au delà de la baise
En réalité, derrière ses attitudes distantes, froides, Jérém pensait à la même chose que moi
il pensait avec tristesse au fait que nos vies allaient se séparer dans peu de temps
alors, à quoi bon ? A quoi bon se dévoiler lun lautre si cest pour se séparer sous peu ? Et puis, dévoiler quoi ? Jérém estimait que je navais pas besoin de savoir ce qui se passait dans sa tête, dans son cur
il considérait que ça ne me regardait pas, car de toute façon je ne pourrais rien pour lui
Jérém ne voulait pas que je mattache car il ne voulait pas sattacher à son tour
cétait précisément le fait que je maccroche qui lavait mis en pétard ce matin là
et sil avait été si dur avec moi, il lavait regretté à linstant, et il navait pas trouvé mieux que daller se cacher dans la salle de bain en attendant mon départ
lorsquil avait entendu la porte du studio se refermer, il avait failli me courir après pour me rattr
il savait quil était allé trop loin
Oui, parfois Jérém avait des états dâme
mais à cette époque je ne voyais que ce beau garçon à la sexualité débordante
son corps, son sexe, sa sensualité me rendaient fou
ses brusques changement dhumeur et dattitude me rendaient malade
il aurait fallu que jaie le pouvoir de lire dans sa tête pour comprendre que dans son for intérieur une force inouïe se consumait dans la tentative paniquée de nier le fait que je lui manquais de plus en plus souvent, et pas uniquement a cause de la baise
Comme si la nuit et le matin après lEsmé ne suffisait pas à le mettre en stress, il avait fallu que son meilleur pote sen mêle
les questions de Thibault
celles quil pose et celles quil ne pose pas mais quil se pose sans doute
et sans doute les bonnes
Jérém le savait
Thibault savait
Jérém savait quil avait toujours été transparent face à son meilleur pote, un livre ouvert
Thibault lavait toujours compris, souvent avant quil ne se comprenne lui-même
pourtant, ce fameux dimanche après-midi après les entraînements, Jérém avait été très mal à laise face aux questions de son meilleur pote
Une question par-dessous tout le remuait
« suis-je gay au fond ? ». Une question qui prenait racine dans cette impression qui le hantait de plus en plus, limpression de devenir de plus en plus pd avec la crainte que ça finisse par se savoir
Jérém était le mec le plus populaire du lycée, le « dieu » du rugby, le mec que toutes les nanas voulaient se taper
il était fier de son image et il se la pétait car il adorait que lon sintéresse à lui
il adorait plaire, être jalousé
si jamais ça venait à se savoir, on lui ferait payer tout cela, la chute de lidole est toujours spectaculaire et impitoyable
les jalousies refoulées font violemment surface et on se réjouit de sa chute quon précipite avec le ragot et la méchanceté
« Suis-je gay au fond ? » Cette question hantait lesprit du beau brun
pour « se tester », ce soir là il était sorti avec lintention de se taper une nana
pour prendre son pied comme avant
comme avant Nico
hélas, en passant devant la Ciguë, une autre idée sétait emparée de son esprit
Rentrer dans ce lieu de mecs
se sentir désiré et résister
rester froid face à loccasion qui sans doute se présenterait
se sentir dévoré par des yeux pleins denvie, se sentir convoité, désiré et
résister
montrer à soi même quil navait pas besoin dun pd pour prendre son pied
ressortir de ce bar comme immunisé, continuer sa soirée vers la Bodega, lever une nana et la baiser
le désir de se « rassurer » sur son hétérosexualité
Et puis le petit blond sétait approché, avec son rentre dedans sans détour, avec son effronterie de sattaquer au mec canon qui vient de franchir la porte du bar à pd pour la première fois
devant limage que le petit blond lui avait renvoyée de lui-même, celle dun mec désirable par-dessus tout, dun dieu viril, Jérém avait cédé
il y avait une bonne dose de vanité dans son acceptation de le ramener chez lui
ça et peut-être la volonté de baiser un autre mec pour se « laver » davoir fait lamour avec Nico
Ou alors, tout simplement, ce soir là Jérém était un garçon en colère, un garçon qui avait décidé de décharger son malaise (et pas que
) sur ce type qui sest retrouvé par hasard sur son chemin
il se rendait compte que lamour entre mecs lintriguait de plus en plus
il avait besoin de voir si dautres mecs lui faisaient de leffet, si le contact avec un autre mec était aussi bon quavec Nico
Si cétait le cas, ça aurait voulu dire quil était vraiment en train de devenir pd
si ce nétait pas le cas, cela voudrait dire quil ny avait quun mec qui lui faisait vraiment de leffet
le petit Nico
ce qui voudrait dire quil était en train de devenir
pd
ce soir là, Jérém était perdu comme jamais il lavait été de sa vie
Drôle dexpérience cette baise avec le petit blond
à la Ciguë, ce mec lui avait paru attirant, mais tout compte fait, lorsquil lavait vu à poil devant lui, le fait de le baiser lui était apparu beaucoup moins tentant
pendant un instant il avait été tenté de lui dire de se rhabiller et de rentrer chez lui
mais la train était en marche, alors il fallait y aller
dabord, il navait pas envie de se retrouver seul tout de suite
et puis, il se disait quaprès avoir joui, son esprit se serait retrouvé apaisé
Alors il y était allé
mais il avait déchanté vite fait
déjà pendant quil se faisait sucer, il avait eu du mal à tenir son érection
lorsquil lavait enculé, il avait eu du mal à trouver son plaisir
il avait eu un mal de chien pour arriver au bout, il avait du se forcer tout en se demandant à chaque instant ce quil foutait avec ce type alors quil avait envie dêtre avec Nico, de retrouver ce quil avait vécu avec lui la nuit davant, ce truc qui était si bon car cétait bien plus que de la simple baise
oui, il avait envie de retrouver ce petit Nico qui ne demandait quà lui faire du bien, à laimer
dans la recherche épuisante de son orgasme, Jérém avait essayé de trouver la raison de son comportement, la raisons pour laquelle ce soir là il était en train de baiser un cul quil ne lui faisait nullement envie, la raison pour laquelle il faisait nimporte quoi en rendant Nico malheureux, en se rendant lui-même malheureux
Le lendemain au bac, Jérém sen voulait davoir jeté Nico le dimanche matin, tout comme il sen voulait davoir baisé le mec de la Ciguë
et si rien dans son attitude le matin du bac philo ne pouvait laisser penser quil regrettait quoi que ce soit, pourtant cétait bien le cas
il regrettait à sa façon, en jouant son rôle de Jérém indifférent à fond. Cétait sa façon de se donner une contenance quand il sentait ne pas en avoir, cétait sa façon de décourager laffrontement, sa façon de gagner en esquivant la bagarre en se servant de larme dissuasive quétait son aplomb de mec.
Dentrée il avait joué le mec qui na rien à se reprocher, du moins jusquà ce quil ait limpression que Nico lévitait et lignorait à son tour, ce qui lui était tout simplement insupportable
le rôle de Nico était de tout accepter de lui
dès quil avait cru voir Nico prendre de la distance, montrer de la rancune, il avait immédiatement senti lenvie de retrouver son attention et sa soumission
Jérém était alors passé en mode charmeur, lui balançant son regard de tueur sexy, cette attitude à laquelle, il ne le savait que trop bien, Nico ne savait pas résister
pour faire tomber ses toutes dernières barrières, Jérém sétait ensuite servi du sourire charmeur, agrémenté dun petit clin dil bien placé qui avait failli faire tomber Nico de sa chaise... ça avait marché, sa colère avait disparu
Jérém le savait bien, ça marcherait à coup sur, Nico lavait trop dans la peau
cétait galvanisant pour ce petit coq de Jérém de trouver quelquun aussi à fond sur son charme
Devant lair déboussolé de Nico, Jérém avait compris que toutes ses défenses étaient tombées, quil était à sa merci
et là, contre toute attente, Nico avait fait un truc complètement nouveau
son regard sétait raidi
son expression charmée avait laissé place à un regard quil ne lui avait encore jamais connu
un regard qui défiait le sien
mais quest-ce quil faisait? Quest-ce quil cherchait? Il le provoquait ouvertement. Dabord, en affichant un petit sourire insolent ; ensuite, il avait fait pire : il avait lâché un clin dil genre le sien de tout à lheure, juste avant de revenir soudainement à sa copie
Tout ça ne lui ressemblait pas
son attitude était si surprenante que Jérém en avait été très vite énervé
il avait beau être passé du mode « charmeur » au mode « beau brun en colère », même ses regards noirs ne semblaient avoir de prise pour lui faire changer dattitude
désormais Jérém fulminait du regard mais Nico ne reculait pas, on aurait dit quil se foutait carrément de sa gueule...
Voilà une occasion ou le beau brun avait estimé quil fallait la jouer à lattaque, mater ce début de rébellion à son autorité de mâle
il ne pouvait pas laisser passer ça
il fallait quil retrouve vite le contrôle de la situation, quil montre quon ne fout pas de lui
Jérém avait alors lancé sa riposte
si les modes « charmeur » et « brun en colère » ne marchaient pas, il lui restait un dernier atout à jouer, le mode « sexualité »
oui, il allait le rendre fou de désir
par tous les moyens, y compris larme lourde
se toucher la braguette
se caresser la queue au travers de la poche du jean
il savait pertinemment que Nico ne pourrait résister à lappel de sa queue
son geste avait fini par atteindre le but espéré, et plus encore
comme prévu, Nico avait démarré au quart de tour
son excitation avait gagné son regard, son visage tout entier
Nico était désormais dans tous ses états, mais Jérém était aussi très excité
ce petit jeu était très sensuel, mais également très dangereux, un petit jeu dont il avait vite perdu le contrôle
car sil avait prévu de rendre fou Nico, ce quil navait pas prévu cest leffet que ça lui ferait de voir Nico très excité
Soudainement Jérém sétait rendu compte quil avait très envie de Nico
le fait de lire lenvie dans son regard qui avait désormais perdu toute trace de défi et qui nétait plus que désir à létat pur, avait provoqué en lui ce besoin violent de le baiser
pas de se faire sucer, non
à ce moment là, Jérém était dévoré par une seule envie
celle de senfoncer dans le petit cul de Nico et de le fourrer de son jus
Sa résolution était prise
quoi quil arrive, il ne le laisserait pas partir comme ça
Lexam termine, Jérém sétait approché de Nico pour lui souffler à loreille : « Chez moi, maintenant », sûr de lui, sûr que Nico ne pourrait se refuser à lui
et contre toute attente, Nico sétait barré
après un nouveau étonnement suivi dun nouveau énervement, Jérém lavait vite rattrapé
« Tu crois aller où comme ça ? »
une fois dans le studio rue de la Colombette, cet après midi là il lavait baisé comme un malade
Nico était redevenu son soumis, sa mutinerie avait été étouffée à grands coups de bite
La semaine du bac avançait et lorsque le mercredi suivant Nico était venu lui quémander sa queue, Jérém sétait senti agacé et il lavait envoyé bouler
cétait lui qui décidait quand et comment, à fortiori après son sketch de lexam de philo
Après le doigt dhonneur du jeudi, il avait du à nouveau sévir
Nico était de plus en plus effronté
une mise au point suivie dune mise en bouche dans les chiottes du rez-de-chaussée du lycée avait été nécessaire
Le vendredi soir il sétait dit quil ne pouvait pas le laisser partir sans le baiser une dernière fois
rien quavec un regard il lavait attiré dans les chiottes du premier
il avait voulu le baiser de façon très coquine, et il avait trouvé que de lui balancer « Descends ton froc, je vais te sauter comme une chienne » était tout à fait approprié pour le mettre dans les meilleures dispositions
Cétait sans compter avec létat dâme de Nico, perdu entre la tristesse de voir cette histoire se terminer avec le bac, tiraillé entre les sentiments quil avait pour lui, le bouleversement que la rencontre avec Stéphane était en train de provoquer dans sa tête et dans son cur, sa déception pour lhumiliation du mercredi devant son refus, son exaspération face à son attitude emportée de la veille
Jérém ne savait pas que ce vendredi soir là Nico était très mal dans ses pompes
il voyait bien quil était peu réactif, limite crispé
dès quil lavait pénétré il sétait rendu compte que cétait une baise triste, glauque
sans excitation, sans plaisir
il sen voulait de ne pas lavoir plutôt amené rue de la Colombette
cétait une baise quil avait voulu vite fait avant lentraînement de rugby
pendant un instant il avait eu envie darrêter
mais désormais il sétait engagé là dedans et il fallait quil arrive au bout
il ne pouvait pas se retirer, au sens propre comme au sens figuré
sa fierté de mâle était en jeu
Alors, comme le plaisir nétait pas vraiment au rendez vous, comme lorgasme semblait ne jamais devoir venir, il avait fini par le baiser de façon plutôt brutale
il nen avait pas lintention, mais il avait besoin de jouir
Quand enfin lorgasme était venu, il avait regretté davoir été si rude avec lui
sa façon de se tirer tout de suite après, nétait que de la lâcheté face à son malaise
oui, il avait regretté de ne pas avoir tout arrêté, il lavait regretté pendant cette longue semaine où il navait pas eu de nouvelles de lui, où il navait pas osé lui envoyer de sms, cette longue semaine avant la piscine Nakache où il navait eu cesse de se demander où avait bien pu passer son Nico, ce petit Nico qui lui manquait
Oui, Nico lui manquait
il ne pouvait pas encore ladmettre, tout comme il ne pouvait pas encore accepter quil ressentait des choses pour lui
mais le fait était bien là
Jérém avait des sentiments pour Nico
Et puis il y avait eu ces retrouvailles inattendues à la piscine
quand il lavait vu, ça lui avait fait drôlement plaisir
le voir approcher, encore plus
lentendre lui proposer daller faire des longueurs dans le bassin olympique pour se retrouver seuls
génial
mais il lui en voulait davoir disparu si longtemps, alors il avait fait sa tête de cochon
mais lorsquil sétait entendu carrément proposer une pipe
il avait adoré le cran du petit Nico
un moment seul avec lui, une bonne baise pour effacer le souvenir de ce moment affligeant le dernier soir du bac
cest tout ce dont il avait envie, malgré son apparence détachée
Baise mémorable dans la cabine des vestiaires
sentir lodeur et la douceur de sa peau, se sentir enivré autant par son propre plaisir de mec que par le bonheur de voir ce petit gars jouir au simple contact de sa queue
avoir joui en lui tout en lui donnant bien de plaisir
et une fois la tempête des sens passée, sabandonner sur son dos en attendant de retrouver ses esprits, se retrouver à deux doigts de poser un smack entre ses omoplates
y renoncer de justesse pour une raison très con, la raison quun vrai mec ne fait pas ça avec un pd
Ça avait été dur de sortir de lui
en revanche il avait été super plaisant de lentendre lui chuchoter à loreille à quel point il avait pris son pied, à quel point il avait adoré ce quil lui avait fait avec sa queue
et cette pipe quil lui avait fait ensuite
du bonheur à létat pur
sil était parti en vitesse de cette cabine après ce deuxième orgasme, cest quil avait senti monter des envies quil ne pouvait pas assumer
prendre le petit Nico dans ses bras
lui faire un câlin
se faire pardonner pour la brutalité des deux dernières fois
il en avait sacrement envie
Le plaisir physique, lorsquil est aussi parfait, appelle une sensualité qui se rapproche de très près à de la tendresse
une tendresse dont il avait sacrement envie mais quil ne pouvait pas assumer
alors il était parti en vitesse, avant de répéter la même connerie que la nuit de lEsmé
Se dire que cest fou comment ce petit mec provoque des choses en lui
cest fou comment il lattendrit, comment parfois il ressent cette envie jamais ressentie avant, lenvie de lui faire plaisir
cest fou à quel point ce petit pd le touche, comment il ne peut plus se passer de lui
de ses cheveux, de sa peau, de son odeur, de son corps, tout ce qui éveille ses sens comme jamais ils ne lont été
cest fou cette envie de lui
Un moment magique, gâché par lapparition de ce mec inconnu
cette image de Nico causant et souriant devant ce mec qui, il le redoutait avant de le deviner, devait être du même bord, lui avait trotté dans la tête toute la soirée
même pendant que sa copine faisait une gâterie à cette queue que Nico avait bien astiquée quelques heures plus tôt
une fois seul dans son lit, il avait eu du mal à trouver le sommeil
il était persuadé que Nico avait couché ou allait coucher avec ce type
ce mec avec quelques années de plus
il se demandait si ce nétait pas juste ces « quelques années de plus » qui impressionnaient Nico
le fait de se retrouver dans les bras dun mec plus posé, peut être moins sexy que lui, mais très charmant, très sensuel, fallait bien ladmettre, un mec souriant, lair jovial, cool, tout le contraire de lui
Cest ainsi que le lendemain, Jérém avait eu envie de « convoquer » le petit Nico pour lui rappeler quil était à lui
à lui et à personne dautre
la journée sétait écoulée sans quil trouve le moyen de le faire
il avait fumé plus de cigarettes que dhabitude et il navait trouvé de répit que vers 18 h, en se donnant à fond dans lentraînement de rugby
cest en courant après le ballon ovale que lidée lui était venue de le faire venir aux vestiaires après que tout le monde soit parti
Lidée était parfaite
le lieu était parfait
parfait pour impressionner Nico
ce qui impressionnerait également Nico, ce serait de le retrouver en train de faire des exercices de muscu, de voir sa transpiration, ses muscles gonflé sous leffort
plusieurs idées sympathiques de baise, dont celle sur la table de massage qui avait commencer à germer dans sa tête esprit depuis quelques temps déjà, commençaient à pointer dans son esprit
oui, Jérém était bien décidé à jouer les petits coqs à fond pour en mettre plein la vue à son petit Nico et le rendre fou de lui, tellement fou que si la lubie lui venait de se tourner vers un autre garçon, la comparaison serait toujours de plusieurs points en sa faveur
Le sms avait été envoyé
pendant un instant il avait redouté que Nico ne vienne pas
les quelques minutes qui sétaient écoulées entre lenvoi de son message et la réponse de Nico lui avaient parues interminables
sil navait pas répondu ce soir là, jamais il naurait accepté de le revoir
résolution épidermique de petit coq trop fier de lui, incapable dimaginer quil aurait bien de mal à la mettre en pratique le cas échéant
Et puis le sms était arrivé
le beau brun était rassuré
Jérém trouvait rassurant et amusant le fait de siffler le petit Nico dès que lenvie lui en prenait et de le voir rappliquer illico
il allait le baiser comme un dingue, le rendre encore un peu plus dingue de son corps, de sa queue
il avait furieusement envie de lui
envie de prendre son pied, mais inconsciemment très envie de lui faire plaisir
envie de le retenir, de lavoir tout à lui
sa jalousie devenait consciente, agaçante
il avait envie de tout faire pour le retenir
Tout avait été bon ce soir là
sa petite mise en scène avait marché du feu de dieu
ce truc que Nico lui avait fait avec la langue dans son entrejambe
une ie
jamais il naurait imaginé prendre autant son pied à cet endroit
au point quil se demandait si son excitation relevait davantage du goût dinterdit que cette pratique lui inspirait, ainsi que de la soumission extrême qui lui témoignait Nico en lui faisant ce genre de gâterie, que dun véritable plaisir sensuel
Quoi quil en soit, force était de constater que ce « truc » le rendait dingue, presque au même titre quune bonne pipe
force était de constater que ce mec lui faisait de ces trucs
quil lui faisait découvrir son corps comme personne auparavant
le seul souci cest que, ce faisant, il le rendait de plus en plus pd
Depuis combien de temps il ne sétait pas tapé une nana sans penser à Nico en la baisant? Certes, en labsence de Nico, il sétait envoyé en lair avec cette brune
mais ça avait été mécanique
le plaisir quil avait pris cétait celui dun mec qui a besoin de se vider les couilles au moins une fois par jour
quant au désir
son désir était loin
Oui, tout avait été terriblement bon ce soir là
lassaut de Nico sur son torse, se laisser couvrir de baisers, le voir sabandonner sur lui, sa peau contre la sienne, ses lèvres sur sa peau
le petit Nico fou de lui, le petit Nico qui ose enfin lembrasser
le contact de ses lèvres avec les siennes avait provoqué en lui une sensation qui avait parcouru toute sa peau, jusquà son sexe
Il se rendait compte que Nico était en train de braver linterdit tant de fois rappelé
mais quimporte
ce soir là Jérém navait pas osé le repousser méchamment
le fait est que déjà il avait trouvé ça trop bon
ensuite il ne voulait pas faire mal à Nico, il voulait le retenir
Cela dit, Jérém avait eu besoin de recadrer les choses
de montrer que sil pouvait accepter un baiser, ce ne serait pas un bisou tout tendre
le seul baiser quil accepterait serait un baiser très sensuel, limite sexuel, un baiser au travers duquel il réaffirmerait une fois de plus sa position de mâle dominant
doù lidée denfoncer sa langue entre les lèvres de Nico, comme une fellation avant la fellation
Tout ça suivi par cette pipe incroyable, grâce à cette idée de Nico de se faire baiser la bouche sur le banc de muscu, dutiliser la barre des poids pour faire à la fois des pompes et recevoir une pompe mémorable
Pendant la cigarette qui avait suivi, pendant quil récupérait de ce premier effort sexuel, son bas ventre frissonnait à lidée de prendre Nico sur la table de massage dans les vestiaires comme il sétait vu le faire un certain nombre de fois pendant les douches
Il avait adoré le sodomiser par derrière
il avait kiffé dur de le baiser par devant, ses jambes sur ses épaules
la position débout lui donnant des sensations nouvelles
la sensation de sa queue coulissant dans ce petit trou bien chaud, accueillant et si généreusement offert par Nico, le rendait dingue
il avait du produire un effort incroyable pour se contrôler et ne pas jouir trop tôt
un plaisir au delà du raisonnable
et voir le petit Nico jouir un instant avant lui, juste sous leffet de ses coups de bite avait été un kiff qui avait donné un bon coup de fouet à sa fierté masculine et qui avait précipité son propre orgasme
Lorsquil avait joui, il avait senti un plaisir immense suivi dun épuisement de même intensité
il avait du mal à tenir sur ses jambes
ainsi, dans ce moment dévaporation de lesprit qui suit lorgasme, il avait trouvé agréable lidée de sabandonner sur lui
et ce quil avait trouvé agréable par-dessus tout, ça avait été le petit câlin que Nico lui avait fait, sa main dans ses cheveux
Dans sa tête, la douche devait laider à retrouver ses esprits et marquer la fin des ébats
il était tellement épuisé par ces deux orgasmes intenses rendus encore plus puissants par ces petits moments de tendresse quil avait su accepter, quil se sentait incapable de remettre ça ce soir là
Mais Nico avait dautres idées en tête
il lavait rejoint et il sétait mis à genoux devant lui
il avait encore envie de le pomper
hélas, Jérém sétait vite rendu compte que quoi quil fasse, il narriverait pas à le faire bander à nouveau ce soir là
lentraînement de rugby, la muscu, deux orgasmes bien puissants, sans compter ceux de la veille à la piscine et le coup de queue quil avait du mettre à sa brunasse en la raccompagnant chez elle après la piscine
le Jérém était arrivé à frôler ses limites de sa sexualité
Et puis il avait compris ce dont Nico avait envie
de ce truc qui lavait dégoûté la première fois quil lui avait proposé
mais après tout
après tout, lidée de repousser encore un peu plus les limites de la soumission de Nico à sa virilité, avait de quoi lexciter
le fait de voir Nico à genoux devant lui, sous leau, en train de le regarder avec cette demande précise dans les yeux, avait commencé à faire effet sur sa queue
si après tout le fait de lui faire ça, pouvait lui éviter la « honte » de montrer ses limites sexuelles
si le fait de lui faire ça allait le faire bander une dernière fois
alors, pourquoi pas
Nico en avait envie et après tout, sil avait envie de ça et quil ne lui donnait pas, tôt ou tard il irait voir ailleurs pour satisfaire son fantasme
restait le fait de surmonter ses réticences mentales à soulager sa vessie sur quelquun, et à plus grande raison sur Nico
pour la première fois, il lui semblait que lhumiliation que cette pratique impliquait était trop importante
pour la première fois il se trouvait gêné dinfliger un truc à Nico
Mais au fond, pourquoi donc se sentir gêné, puisque cétait lui qui le demandait, et avec insistance qui plus est
alors, faut y aller
il avait du se concentrer pour lâcher les vannes
il avait du se faire violence au départ
et puis il avait réussi à se détendre et à lâcher prise
le jet, dabord hésitant, avait pris un bon débit, et le fait de voir Nico se régaler du contact de ce liquide chaud sur sa peau avait fini par réveiller ses sens
Lorsque le jet sétait tari, il avait à nouveau eu envie de se faire sucer
Nico ne sétait pas fait prier, il sétait jeté dessus avec désir et gourmandise
son excitation était là mais son corps était fatigué
il sentait que son érection nallait pas durer malgré lentrain de Nico
Fallait y aller franco
avec de bons coups de reins
pendant un instant il avait hésité
il ne voulait pas recommencer avec une baise brutale
et puis, sa queue commençant à perdre en raideur, il sétait dit quil fallait y aller
lidée de débander dans la bouche de Nico lui était intolérable
lidée dune panne, bien que justifiée par la fatigue de son corps, intolérable
Il savait quil allait le regretter
mais, une fois encore, il avait commencé et il se devait darriver au bout
avec les coups de reins, dabord dosés et dune puissance contrôlée, sa queue avait repris de la vigueur
il ne voulait pas faire mal à Nico, mais il devait jouir
et puis
et puis le besoin de retrouver son plaisir avait pris le pas sur ses réticences
lexcitation, mêlée à la peur de ne pas y arriver venant des signaux dépuisement qui lui envoyait son corps, avait fait appel à ses instincts les plus bas
A partir dun certain moment, telle une drogue qui prend le contrôle du cerveau et qui coupe tout contact avec la réalité, il ny avait plus eu que son plaisir qui comptait
il devait jouir, coûte qui coûte
Nico était redevenu quun simple moyen pour son plaisir
son coté bestial avait pris le dessus
il devait jouir
son corps épuisé avait besoin de plus de sensations pour appeler un orgasme quil sentait lui échapper à nouveau
Alors il sétait déchaîné
il ne pouvait pas manquer son orgasme
ses coups de reins avaient pris de lampleur, et toute la puissance que son bassin pouvait leur donner
et comme Nico semblait esquiver ses va-et-vient en neutralisant une partie de ses efforts pour arriver au bout, le fait de coincer sa tête contre le mur pour que ses coups de reins soient plus puissants ne lui avait plus posé aucun cas de conscience
il voulait que ça vienne vite
il voulait jouir
au point quil en était, il ne supporterait pas de ne pas y arriver
Et puis cétait venu
enfin
violent, épuisant
son orgasme lui avait coupé les jambes
la jouissance passée, il avait été accablé de voir Nico s
il avait soudainement compris quil avait à nouveau perdu le contrôle à cause de ses pulsions
il avait compris que non seulement Nico navait pas pris de plaisir, mais que ses coups de reins lui avaient fait mal
pendant un instant, pendant quil le regardait tousser, il avait envie de lui faire un câlin
une envie quévidemment il navait pas su exprimer
Alors, devant la souffrance de Nico, comprenant que ce qui venait de se passer venait de gâcher les bons moments quils avaient partagée, dans létait de fatigue physique et mentale qui lestaient son être tout entier, il navait pu faire autre chose que partir à la douche et senfermer dans le silence
Il ne savait pas comment quitter Nico ce soir là
il fuyait son regard comme la peste
pourtant, le moment de se séparer approchait
il y avait cependant un truc quil fallait quil sache, cétait la raison pour laquelle il lavait fait venir ce soir là
ce type de la piscine
Il avait posé la question de façon directe et ferme mais les réponses et les réactions de Nico ne lavaient pas rassuré
il avait insisté, Nico avait tenté de calmer le jeu
peine perdue, ses questions demeuraient intactes
son esprit était en ébullition
il était sur que ce mec avait des vues sur Nico et que Nico nétait pas indifférent non plus à ses charmes
Nico lui échappait et ça, ça le faisait sacrement chier
et ce qui le faisait chier encore plus, cest que toute cette jalousie était pour lui un sentiment tout à fait nouveau, un sentiment qui avait fait surface dans son esprit à cause dun petit pd
Oui, depuis pas mal de temps déjà, Jérém nétait pas bien dans sa peau
et en bon ado, lorsquil nétait pas bien, il cherchait quelquun à rendre responsable de son malaise
Nico était un sujet à porté de main
il se sentait glisser de plus en plus vers les garçons ? cétait la faute de Nico de lavoir séduit et entraîné vers cet « truc sale »
peu importe sil oubliait dadmettre que ce « truc sale » cétait lui qui lavait amorcé quand il lui avait carrément proposé de le sucer lors de la première révision de maths
peu importe sil omettait de mettre dans la balance le fait que dans ce « truc sale » il prenait son pied comme jamais il en avait pris
et ce nétait pas quune histoire liée au mythe, mythe ou réalité, que les garçons savent mieux soccuper dun autre garçon que la plupart des nanas
non, le fait quil prenne autant de pied avec Nico ce nétait pas simplement dû au fait que ce mec ne lui refusait rien, quil se soumettait à lui, docile
la véritable raison était que Jérém avait un véritable penchant pour les garçons, un penchant dont le petit Nico avait ravivé la flamme comme de lessence sur un braisier
Il pensait très souvent à lui, trop souvent
avec sa douceur, sa tendresse, Nico lui faisait du bien
il le trouvait touchant
mais même si ça lui faisait du bien, Jérém ne pouvait pas accepter cela car un mec naccepte pas de tendresse et encore moins venant de la part dun pd
et puis la tendresse rend esclave
Depuis quil couchait avec Nico, Jérém sétait surpris à repenser à un souvenir enfoui dans son adolescence
un souvenir remontant à lété de ses 13 ans
le souvenir nostalgique et excitant des galipettes avec Thibault sous la tente
depuis quil couchait avec Nico, parfois il avait eu envie de recommencer
tout comme Thibault il en avait envie
ils le savaient tous les deux, ils se cherchaient
et même si la peur de compromettre lamitié les avait toujours empêchés de franchir le pas malgré les occasions, les envies, les perches, lenvie était bel et bien là
Oui, Nico avait réveillé en lui des désirs et des envies quil avait essayé doublier, danesthésier depuis des années avec cette débauche de sorties, de rugby, de muscu, de nanas, dalcool et de joints dont il saturait sa vie
il avait suffi dun petit Nico, à lapparence si inoffensif, pour réveiller tous ses démons
Voilà le joyeux bordel qui secouait la jolie tête de mon beau brun à cette période de sa vie. Tout un pan de la vie intime de mon beau brun que je ne connaîtrai que plus tard, beaucoup plus tard dans ma vie. Tout un tas de trucs qui se passaient dans sa tête et que jaurais été incapable ne serait-ce que dimaginer à lépoque
Car lorsque ce soir là je le regardais séloigner dans la rue, la cigarette au bec, son sac de sport à la main, avec son allure assurée de mec bien dans ses baskets, lattitude fière du gars qui vient de se vider les couilles et qui repart sans états dâme, jétais à mille lieues dimaginer que, derrière ses airs de petit coq, Jérém était un garçon se posant mille questions sur sa sexualité, sur son avenir, sur sa vie, un garçon jaloux
et, par-dessus tout, un garçon en détresse, hanté par la solitude qui avait traversé une bonne moitié de sa vie, un garçon perdu, en train de perdre pied, un garçon qui bientôt allait faire de belles bêtises et se mettre carrément en danger.
Ce soir là je rentre chez moi le cur lourd. Jai envie de pleurer. Jai tout gâché. Je sais que je vais passer une mauvaise nuit. Je sais que le lendemain il ny aura quune personne que jaurai envie de voir. Je sais quelle sera là.
[Merci à toi, le lyonnais, mon premier et plus fidèle lecteur, supporteur, conseilleur, consultant, correcteur, gardien du « sérieux » de cette histoire.
Merci à tous ceux qui, en privé ou en public donnent un supplément de sens à mon écriture, la font exister.
Merci à ceux qui me donnent des idées qui rendent mon histoire plus « vraie ».
Merci à ceux qui, lorsque le samedi il ny a pas dhistoire, sinquiètent que ce soit fini.
Non, ce nest pas fini, pas avant lépisode
100
parfois je nai pas le temps, parfois jai le temps mais pas le moral. Mais lécriture est très importante pour moi, tout comme cette histoire, et je ne laisserai pas tomber. Cest promis.
Et merci à tous les lecteurs anonymes qui, semaine après semaine, font monter le petit compteur dHDS].
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